Ouverture des portes de la Base Aérienne Projetée de Niamey: Mettre une trêve aux rumeurs

Ouverture des portes de la Base Aérienne Projetée de Niamey: Mettre une trêve aux rumeurs

 Sous l’égide du commandant de la Base Aérienne Projetée de Niamey (BAP), située dans l’enceinte de la base aérienne 101 des Forces Armées Nigériennes (FAN), une vingtaine de journalistes nigériens ont eu l’occasion de s’entretenir avec quelques-uns des 450 militaires (10% de femmes) français présents au Niger dans le cadre de l’opération Barkhane, qui couvre les pays du G5 Sahel. C’était en présence de l’Ambassadeur de France au Niger et de ses collaborateurs. Actuellement, la France déploie 6000 militaires à travers le monde, de ce nombre, 4500 sont affectés dans la zone du G5 Sahel. La présente immersion au cœur de la BAP de Niamey devait essentiellement permettre aux journalistes de poser des questions d’actualité aux responsables de la base.

Objet de la présence militaire française au Niger

 Selon le commandant de la BAP, la présence de l’armée française sur le sol Nigérien consiste à affaiblir les groupes terroristes, à soutenir la montée en puissance des pays du G5 Sahel et à contribuer au développement des pays concernés.

Il était toutefois, impératif pour les journalistes de comprendre pourquoi l’armée française a entériné sa présence au Niger, alors que les autorités nigériennes ont fait fi des normes constitutionnelles en la matière. Une irrégularité qui de facto engendre dans la conscience collective des suspicions et contribue au rejet systématique de toute présence militaire étrangère. De ce manque de communication, sont nées des spéculations et des rumeurs de toutes sortes au sein des populations, taxant les bases militaires étrangères de pillage de ressources et de collaboration avec l’ennemi.

Toutefois, le commandant de la BAP persiste : « Nous sommes au Niger, à la demande des autorités nigériennes. Le jour où elles nous demanderont de quitter, nous partirons et nous laisserons au Niger tous les investissements que vous pouvez aisément apercevoir ».

L’opération Barkhane au Niger en chiffres

Depuis 2013, la France a investi quelques seize (16) milliards de FCFA uniquement au niveau de l’aménagement de la base aérienne. La BAP compte entre autres : trois (3) drones, deux (2) Mirages 2000 D, deux (2) Mirages 2000 C, deux (2) Boeings C 135 et vingt (20) hélicoptères de combat. Les coûts de ces engins oscillent entre 10 millions (11 287 500 Franc CFA) et 170 millions d’euros (111 512 690 005 Francs CFA).

Annuellement, ce dispositif permet d’effectuer quelques 6000 mouvements d’aéronef, de faire transiter 5000 tonnes de fret, ou encore d’assurer la sécurité de plus de 50 convois terrestres.

Pour faire fonctionner ce dispositif, les contribuables français déboursent annuellement  22 milliards d FCA uniquement en carburant alors que les contrats en approvisionnement local s’élèvent à 6 milliards de Francs CFA, pour un total de 350 Nigériens employés au titre de la BAP.

D’après le commandant de ladite base, les outils de combat polyvalents ci-haut mentionnés demeurent très limités au regard de étendue du territoire à couvrir. Dans le même ordre d’idées, il fut interpellé par un journaliste sur l’implication timide de la France d’un point de vue matériel. En réponse, le commandant français rappel les coûts exorbitants du matériel de guerre : « Malgré les spéculations, la France ne dispose que de quelques 200 avions de combat, difficile à déployer en permanence, dans une guerre asymétrique de longue durée sur le territoire du G5 sahel qui couvre une superficie aussi grande que l’Europe» explique le premier responsable de la BAP.

Inefficacité du dispositif militaire français ?

«On empêche aux terroristes de développer des sanctuaires en apportant un appui permanent aux Forces Armées Nigériennes à travers des échanges d’informations et de formations » relève le commandant. Il martèle une fois de plus que le défi est énorme avec une zone d’action immense qui s’étend sur 8 à 10 millions km2. Il est catégorique : « Il est tout simplement impossible de couvrir un tel territoire avec si peu de moyens. Quoique, nos interventions soient utiles et permettent régulièrement de dissuader ou de neutraliser plusieurs terroristes, de saisir des armes et de confisquer des motos ».

Selon lui, l’ennemi aussi s’adapte aux modes d’interventions des armées alliées en réduisant notamment le temps d’exécution de ses forfaitures à moins de 25 minutes et il se dissimule rapidement au sein d’une population civile estimée à 80 millions d’individus dans la zone d’intervention du G5 Sahel. Au vue de ces faits, les manœuvres d’interventions militaires  s’en trouvent étroitement impactées.

Interpellé pour les lenteurs d’intervention de son dispositif, il explique que toutes les actions de la force Barkhane sont assujetties aux Conventions Internationales en matière de protection des civils en période de guerre et de conflits armés, de facto chaque opération de la force Barkhane doit au préalable  obtenir l’approbation du centre de Commandement de la Force Conjointe du  G5 Sahel  basée à N’Djaména ou du centre de commandement basé à Lyon, à ces impératifs s’ajoutent le temps prit par les victimes pour lancer l’alerte. « En temps normal nos renforts aériens peuvent  être déployés en 10 – 15 minutes sur une zone comme Tongo-Tongo, qui a plusieurs fois été le théâtre d’assauts  meurtriers. Mais, faut-il qu’on reçoive les alertes à temps pour que nos pilotes s’engagent aussi rapidement sur le front. C’est le lieu de rappeler que la France n’assume pas uniquement le prix matériel de cette guerre, nous payons aussi cette collaboration militaire de notre sang» affirme le responsable militaire.     

Collaboration avec les Forces Armées Nigériennes (FAN) et Œuvres de bienfaisance à l’endroit des populations civiles  

Quotidiennement, les militaires de la force Barkhane collaborent avec les Forces Armées Nigériennes pour  neutraliser des réseaux terroristes,  effectuer des missions de recherches, engager des opérations de surveillance et procéder au besoin à des frappes aériennes.  En outre, la coopération militaire permet d’appuyer les manœuvres terrestres et d’accomplir des évacuations médicales. 

On apprend également de cet entretien que plusieurs  actions de bienfaisances sont menées en collaboration avec la délégation spéciale de Niamey et d’autres institutions nigériennes. A cet actif, on peut citer la cartographie des zones inondables, le renforcement des pistes latéritique, la mise à disposition de camions citernes pour des activités ponctuelles, la distribution d’environ 500 kg de médicament sur une fréquence mensuelle, ou encore des dons de fournitures scolaires, de jouets et la construction de mur d’école. 

Perspectives et éventuel retrait de l’armée française du Niger  

Tout en indiquant avoir étroitement travaillé avec le Niger pour sécuriser le sommet des chefs d’Etat qui s’est tenu du 04 au 08 juillet 2019, l’Ambassadeur de la République de France au Niger rappel que ses militaires sont au Niger à la demande des autorités nigériennes. « Quand elles feront le choix de notre départ, on va quitter » a-t-il aussi tenu à rassurer, tout en se félicitant de l’ouverture amorcée par son institution, dont les portes dit-il resteront toujours ouvertes. Ses collaborateurs ont indiqué qu’il y aura d’autres visites à l’intention notamment de la société civile et d’un second groupe de députés.

  « Non, la France n’aura pas de Base Aérienne Projetée à Tillabéry » explique le commandant  français. Il précise aussi que suite à la fermeture de la base de Madama, les effectifs seront redéployés dans la zone du Gourma, plus précisément à Gossi, où la situation sécuritaire nécessite davantage une présence militaire. 

Source et Crédits Photos, Samira Sabou  

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