Comment le Covid-19 a ôté définitivement toute crédibilité à l’ONU et l’OMS

Comment le Covid-19 a ôté définitivement toute crédibilité à l'ONU et l'OMS

L’immobilisme des grandes organisations internationales face à la pandémie démontre que celles-ci n’ont pas retenu les leçons de l’histoire récente, estime le spécialiste de philosophie politique Jean-Loup Bonnamy. L’heure est venue selon lui de refonder la coopération interétatique sur des bases nouvelles.

Pour le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, l’épidémie que nous traversons est «le plus grave défi» que l’Organisation ait eu à affronter depuis sa création. De toute évidence, l’ONU a été dépassée par les événements. Comme d’habitude, serait-on tenté de dire. En effet, l’ONU retombe dans sa contradiction originelle. Elle est censée être une organisation impartiale, neutre et objective qui agit en vue de l’intérêt général de l’humanité. Mais en même temps, elle réunit des États qui ont chacun leurs propres intérêts. Ainsi, le Conseil de sécurité de l’ONU est composé de cinq membres permanents, disposant chacun de moyens pour bloquer toute initiative qui lui déplairait. Dans un contexte de nouvelle Guerre froide entre la Chine et les États-Unis, l’ONU est paralysée. La Chine bloque les initiatives américaines, les États-Unis bloquent les initiatives chinoises.

Par ailleurs, quelle crédibilité accordée à l’ONU quand on connaît l’histoire de l’épidémie de choléra qui a ravagé Haïti de 2010 à 2018? Cette épidémie fut importée par des Casques bleus bangladeshis, ce que l’ancien Secrétaire général Ban Ki-moon a fini par reconnaître. Mais, pendant plusieurs années, l’ONU nia toute implication et paya des experts pour produire de faux rapports indiquant qu’il s’agissait d’une maladie endogène, ce qui gêna considérablement la compréhension de la situation et la lutte contre l’épidémie.

Face au Covid-19, l’OMS a été particulièrement pathétique, achevant de ruiner sa crédibilité, y compris en Occident.

L’OMS ne se porte guère mieux et est aussi engluée dans les scandales: réaction beaucoup trop tardive face à Ebola (2014-2015), influence des lobbys pharmaceutique, très mauvaise gestion de l’épidémie de Grippe H1N1 (2009). Sur ce sujet un rapport pointait déjà du doigt: «les graves lacunes de l’OMS pour la transparence des processus de décision, ce qui soulève des préoccupations sur l’éventuelle influence de l’industrie pharmaceutique.» Face au Covid-19, l’OMS a été particulièrement pathétique, achevant de ruiner sa crédibilité, y compris en Occident. En effet, l’influence chinoise est très forte au sein de l’Organisation. Fin janvier, au moment même où les autorités chinoises dissimulaient un certain nombre d’informations cruciales, faisaient pression pour ne pas déclarer d’urgence internationale, jetaient les lanceurs d’alertes chinois en prison et fermaient le laboratoire de l’Université Fudan (Shanghaï) qui avait partagé le génome du virus, le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, élu grâce à l’appui de la Chine, félicitait Pékin pour sa transparence. De même, l’OMS a assuré la promotion internationale de la pratique du confinement (c’est-à-dire du modèle choisi par la Chine, pays totalitaire, pour lutter contre l’épidémie) et a suivi les exigences chinoises en refusant de redonner un siège d’observateur à Taïwan. Pourtant, Taïwan aurait apporté une expertise très utile, basée sur son bilan spectaculaire dans la lutte contre l’épidémie: fermeture des frontières, dépistage massif, isolement des malades, port du masque, aucun confinement et seulement six morts. De même, la bureaucratie de l’OMS ne préconise pas le port du masque en expliquant, contre toute évidence, que le masque pourrait créer un «faux sentiment de sécurité qui pousserait au relâchement dans l’application des gestes barrières». On n’imagine pourtant mal la Sécurité routière déconseiller le port de la ceinture de sécurité sous prétexte que cela pousserait à faire des excès de vitesse.

Nous devons réagir à l’offensive chinoise.

Face au naufrage des institutions internationales, la vieille géopolitique de la puissance fait son grand retour. Ainsi, les initiatives «solidaires» lancées par la Chine auprès de l’Afrique ou par la Russie auprès de certains pays européens (notamment l’Italie) sont autant d’occasions pour ces puissances de développer leur influence et de se constituer des clientèles. Pour la Russie, il s’agit simplement de susciter les sympathies occidentales en vue d’obtenir une levée des sanctions européennes qui pèsent sur elle, ce qui n’a rien d’effrayant. Par contre, l’objectif chinois est plus inquiétant. On peut y voir non seulement une entreprise de communication destinée à faire oublier la calamiteuse gestion de crise du PCC, mais également une tentative d’assujettir une partie du globe. Face à cette offensive chinoise, nous devons réagir ; certes sans agressivité ni provocation, mais avec fermeté. Il s’agit de développer nos partenariats sanitaires avec l’Afrique pour y court-circuiter l’influence chinoise, de relocaliser notre production et de protéger nos entreprises et notre patrimoine technologique contre les offensives chinoises. Et pour cela nous n’avons besoin de l’ONU ni de l’OMS.

Source: Jean-Loup Bonnamy

L'armée américaine perd un autre drone dans le nord du Niger Previous post L'armée américaine perd un autre drone dans le nord du Niger Pékin pourrait faire s'effondrer le dollar par la vente de ses bons de trésor américains Next post Pékin pourrait faire s'effondrer le dollar par la vente de ses bons de trésor américains