Depuis les indépendances, la dette africaine subit les chocs financiers

Depuis les indépendances, la dette africaine subit les chocs financiers

De 16,3 milliards de dollars à la fin des années 1960, son montant est passé à 365 milliards, dont environ un tiers est dû à la Chine.
La dette africaine, dont le G20 a décidé de suspendre le remboursement pendant douze mois, se creuse et s’efface depuis les indépendances. Elle atteint aujourd’hui 365 milliards de dollars (340 milliards d’euros), dont environ un tiers est dû à la Chine. Dans les années 1960, plusieurs pays ont « hérité » d’un passif contracté par leur ancienne puissance coloniale. « La dette de la Belgique léguée au Congo indépendant s’élevait à 120 millions de dollars, assure Eric Toussaint, historien et porte-parole du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes. En Mauritanie, c’est un prêt de 66 millions de dollars contracté par la France avant l’indépendance, qui est devenu plus tard une dette. »
La plupart des colonies françaises contractaient des prêts auprès du Fonds d’investissement pour le développement économique et social des territoires d’outre-mer (Fides). Il était financé par l’Etat grâce notamment à des avances de la Caisse centrale de la France d’outre-mer. Après les indépendances, les jeunes pays, n’ayant pas d’infrastructures pour valoriser leurs matières premières, ont continué d’emprunter auprès du Fides jusqu’en 1962 pour financer des investissements, des équipements ou des programmes d’études. Les taux étaient faibles (de 2 % à 3 %). A la fin des années 1960, la dette totale extérieure des pays africains était maîtrisée puisqu’elle atteignait 16,3 milliards de dollars selon la Banque mondiale.
« Au début des années 1970, il n’y avait malheureusement pas de garde-fous contre la mauvaise gouvernance, explique Kako Nubukpo. Des présidents ont dépensé sans compter pour construire des “éléphants blancs” comme des statues à leur effigie. » La dette va aussi s’aggraver à cause de la récession économique et des chocs pétroliers de 1973 et 1979. Aux Etats-Unis, la Réserve fédérale augmente ses taux d’intérêt à près de 15 %.
« Les pays africains [et ceux d’Amérique latine] se sont retrouvés à rembourser à des taux très élevés une dette qu’ils avaient contractée à des taux faibles », explique Kako Nubukpo. En 1982, le Mexique annonce qu’il n’est plus en mesure de rembourser. Au Burkina Faso, Thomas Sankara, capitaine anti-impérialiste prend le pouvoir en 1983.

Par Pierre Lepidi et Mariama Darame

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