Lutte contre le terrorisme en Afrique : « La France et les Etats-Unis sont de moins en moins alignés »

Lutte contre le terrorisme en Afrique : « La France et les Etats-Unis sont de moins en moins alignés »

Pour Elie Tenenbaum, chercheur à l’IFRI, Washington est moins préoccupé par la menace terroriste que par la présence de la Chine et de la Russie sur le continent.

Quand les Américains ont perdu quatre soldats à Tongo Tongo, au Niger, en octobre 2017, l’opération menée avec les forces nigériennes n’était pas connue des Français et a révélé à l’opinion américaine la présence, très discrète, de ses troupes dans la région.

La seule chose qui justifie la poursuite de l’aide américaine en Afrique est la présence chinoise et russe. Depuis les indépendances, les Américains ne se sont que très rarement intéressés à l’Afrique pour elle-même.

Washington n’adhère pas à la vision d’un risque pour l’Europe posé par une déstabilisation du Sahel ?

Non, cette menace ne figure pas du tout dans leur analyse. Ni le risque migratoire, parfois mis en avant pour attirer des Européens dans « Barkhane ». Ainsi, les « risques de la faiblesse » posés par des Etats faillis et mis en avant dans le dernier livre blanc français sur la défense n’existent pas pour eux. En 2017, après l’embuscade de Tongo Tongo contre des forces spéciales américaines au Niger, le coût de ces opérations de contingence est soudain apparu comme trop élevé. La France s’inquiète aussi de la présence de la Chine à Djibouti, de celle de la Russie en Centrafrique ou au Mali, mais Paris a des grilles de lecture plus larges. Les deux visions restent totalement différentes.

Ils ont toujours eu une vision très extérieure de l’Afrique comme champ de bataille. C’était le cas durant la guerre froide. Et ce fut vrai entre 2001 et 2017 dans la guerre contre le terrorisme. Dans ce cadre, les Etats-Unis ont souvent eu un prisme déformant. L’argent versé en Afrique, à l’est comme à l’ouest, devait être fléché contre le terrorisme. Toutes les coopérations de défense aussi. Les Africains l’ont compris, qui n’ont pas hésité à agiter le chiffon rouge du djihadisme pour décrocher des financements. D’où le développement des programmes de forces spéciales et de drones. Les installations de Djibouti ont été dès le début, en 2002, orientées contre le terrorisme, vers le Yémen puis la Somalie. Même l’action de développement de l’Usaid a été orientée vers la « lutte contre l’extrémisme violent ».

Le Monde

 

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