Les zones de conflit sont des plaques tournantes de l’économie criminelle mondiale, et nulle part cette corrélation n’est plus évidente qu’au Sahel et au Sahara central, où la prolifération d’acteurs armés et leur implication dans la pléthore de marchés illicites de la sous-région ont contribué à l’instabilité cyclique des la région.

 

Au Sahel et au Sahara central, l’implication d’acteurs armés sur les marchés illicites de la région a été un facteur clé de l’instabilité cyclique qui y règne. Les combattants tchadiens sont depuis longtemps des acteurs clés au sein de la constellation de groupes armés actifs dans la région, mais le cessez-le-feu d’octobre 2020 en Libye – et la baisse des combats qui s’ensuit – remodèlent le rôle qu’ils jouent dans les marchés illicites régionaux et la dynamique de stabilité.

 

Les combattants tchadiens sont d’abord apparus comme des acteurs clés contestant la paix et la sécurité en Libye alors qu’ils y combattaient en tant que mercenaires après la chute de Kadhafi en 2011. Cependant, la consolidation de leur implication en temps de paix dans les économies illicites du Sahel depuis la mi-2020 pose un problème plus durable, généralisé et forme imprévisible d’instabilité.

 

Ce rapport décrit les typologies des combattants tchadiens actifs en Libye et dans le Sahara central, et leur rôle en tant que mercenaires et facilitateurs dans le commerce transnational de mercenaires pendant la deuxième guerre civile libyenne. L’échec du gouvernement tchadien à réintégrer les rebelles après la guerre est ensuite analysé avant d’explorer comment cela a conduit les combattants tchadiens à consolider leur implication dans les économies criminelles. Enfin, les risques de cette implication et, en particulier, la menace que les combattants tchadiens font peser sur la sécurité des frontières dans la région sont présentés.

 

La publication de ce rapport est programmée pour coïncider avec le «dialogue national» dirigé par le gouvernement qui discutera de l’avenir des groupes armés rebelles au Tchad et devrait ouvrir la voie aux élections. Cela plaide en faveur de la nécessité de fournir un couloir sûr aux combattants tchadiens pour retourner au Tchad afin d’empêcher une nouvelle déstabilisation de la région élargie du Sahel et du Sahara central.

ALEXANDRE BISH

Trouvez l’intégralité du rapport ici: https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2021/12/GI-TOC-Chad_Soldiers-of-fortune.-web.pdf