Qui sont les jihadistes en Afrique de l’Ouest?

Qui sont les jihadistes en Afrique de l’Ouest?

Les jihadistes au Sahel sont historiquement nés des décombres de la guerre civile algérienne, une partie des jihadistes qui ont refusé la politique d’amnistie (« concorde civile ») du président algérien ayant reflué au nord du Niger et surtout au nord du Mali où ils se sont progressivement sanctuarisés.

Le jihadisme est donc d’inspiration étrangère et, encore aujourd’hui, plusieurs de ces groupes sont dirigés par des étrangers (Sahraouis, Algériens, Mauritaniens). Dans le même temps, cette sanctuarisation s’est faite en pénétrant les sociétés sahéliennes et en recrutant majoritairement en leur sein. Les groupes jihadistes sont donc aujourd’hui essentiellement composés de Nigériens au Niger, de Maliens au Mali, de Nigérians au Nigeria et de Burkinabè au Burkina.

Leurs éléments y jouissent d’une certaine autonomie d’action, au point parfois d’agir en contradiction avec les orientations du mouvement, par exemple dans le cas où ils s’adonnent à du vol de bétail. Et plus elles descendront vers le sud, plus il leur sera difficile de s’enraciner. Dans les foyers qui pourraient apparaître demain dans ces espaces, nous verrons des insurrections avant tout politiques ou sociales que les jihadistes chercheront à favoriser ou à soutenir. Les agendas de ces groupes seront encore plus composites. Mais à mesure que le temps passe, les groupes affermissent leur contrôle et assoient leur idéologie.

On observe actuellement une kyrielle de cellules jihadistes se revendiquant de différents groupes aux côtés de groupes de bandits avec lesquels ils entretiennent des relations oscillant entre confrontation et alliances. En revanche, une fois sur place et face à face, il n’est pas exclu que les groupes s’entendent autour d’un partage de territoires pour éviter que leur division ne profite à leurs ennemis communs.

Les États sahéliens pointent toujours la responsabilité sur un acteur étranger, mais cette réalité basique devrait suffire à les convaincre de regarder avant tout leurs propres responsabilités. La question qui se pose est de savoir comment les agendas globaux et locaux cohabitent, se rejoignent ou au contraire deviennent contradictoires.

 

Entretien avec l’analyste Mathieu Pellerin/ RFI

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